Lilly la poupée à sa maman

Je suis née d'une mère richissime, qui tient sa fortune de mon grand père, un nom qui n'est plus à présenter dans l'industrie du pétrole. Maman bien qu'issue d'une famille de pure tradition américaine, s'est toujours passionnée pour l'Europe et la France. Grand-père dit souvent que la seule raison pour laquelle mon père est mon père, c'est qu'il est français. C'est dire le couple que forment mes parents. Papa est un gros poids dans le conseil d'administration d'une multinationale. Il gagne bien sa vie, mais ce n'est rien comparé aux milliards de maman.
Moi, engouement maternel oblige, je suis née à Paris, et porte un nom français. Depuis ma plus tendre enfance je vis partagée entre l'Europe et les États-Unis. J'aimerais dire que je préfère l'Europe, mais j'ai peur que ma mère n'ai trop déteint sur moi pour l'avouer.
Très tôt, disons lorsque le bébé criard, morfale et mal odorant que j'étais eut montré les qualités d'une jeune fille en devenir (c'est à dire âge de 4 ans), ma mère fit de moi son jouet favoris. Petite princesse qui n'avait rien à envier à Suri Cruise. Malheureusement. Défilés juniors, photo-shoots pour magasines chics et huppés, exhibitions publiques lors de réceptions mondaines... J'ai été pourris gâtée bien avant l'heure.
Arriva l'âge 10 ans, où on me mit sur un cheval, pas un gentil poney de centre, non, rien que l'illustre pur-sang favoris d'un prince arabe grand ami de la famille. Et moi, j'eus le bonheur, mais aussi le malheur de m'éprendre de ce curieux animal, puis dans la foulée, de ce sport qu'on nomme équitation.
Sept ans plus tard, ma mère est le chef d'orchestre de ma vie, les chevaux mon outil de travail, et les compétitions l'objectif numéro un dans mon bourrage de crâne intensif. Maman n'aime pas ces animaux, elle recherche la notoriété qu'ils apportent dans le monde pourris où nous évoluons. LE sport de riches par excellence. A 17 ans, j'ai l'emploi du temps d'un athlète olympique, et je dois dire, que sans ce souci de double nationalité franco-américaine, j'aurais probablement fait parti de l'équipe de réserve dès mes 16 ans atteints.
J'ai un coach absolument fou à lier, des plannings d'entrainement draconiens, deux nutritionnistes, une styliste attachée à mon immense garde robe, et foule de gens que maman renvoie à la pelle, si bien que leurs noms ne restent pas. La pression au dessus de ma tête ne désemplit jamais.
En parallèle de ma carrière sportive, maman utilise ma notoriété dans ce milieu pour conclure divers contrats publicitaires en mon nom. Je fais la une des magazines équins, dieu merci pas de Vogue ! Je pose pour telle ou telle maque de matériel et vêtements sportifs, mais aussi pour des photographes animaliers qui me prennent avec mes compagnons de vie à quatre patte, on fait des posters de moi pour les gamines qui lisent "poney mag" et ce genre de mièvrerie, des mug aussi je crois, et un petit tas d'objets dérivés qui me sortent par les yeux mais gonflent mon compte en banque. AH j'oubliais, il m'arrive de passer à la t.v, deux fois dans "30 millions d'amis" histoire de bien ruiner ma réputation dans mon lycée français, et régulièrement sur Equidia et les chaines équestres lors des championnats nationaux.
J'ai une double vie, celle qui me force à signer des autographes sur les terrains de concours, et celle qui me donne une éternelle réputation de "nouvelle du lycée" dans la vraie vie. Lorsque je me retrouve face à moi-même dans les rares moments de calme que m'offre ma vie, je me dit que je n'ai rien, ni amis, ni boyfriend, ni réelle "maison". A dix-sept ans, on est censé le vivre comment ?